Muscles de posture vs. muscles de mouvement
Quand on parle de « muscler » un cheval, on pense généralement aux muscles superficiels, visibles sous la peau, qui dessinent l’encolure.
Mais on oublie souvent les muscles profonds, ceux qui longent la colonne vertébrale et assurent la posture, l’équilibre et la proprioception.
Ces muscles s’atrophient rapidement lorsqu’ils ne sont pas sollicités. Et les enrênements font justement cela : en limitant les mouvements de l’encolure, ils empêchent l’activation de ces muscles. Résultat : ils s’affaiblissent.
Dès lors, ce sont les muscles de mouvement qui doivent prendre le relais pour assurer la stabilité… une tâche pour laquelle ils ne sont pas faits. Leurs fibres fatiguent vite, et un cercle vicieux de déséquilibre musculaire s’installe.
Un muscle bien développé n’est pas forcément un muscle fonctionnel.
Ce que nous devons rechercher à travers l’entraînement, c’est une musculature fonctionnelle et équilibrée, travaillant librement selon sa physiologie : contraction, décontraction, étirement.
Les enrênements empêchent cela. Certains muscles sont empêchés de s’étirer, d’autres doivent travailler de manière figée. Cela perturbe l’ensemble du système locomoteur.
L’encolure, un balancier d’équilibre
Le cheval utilise naturellement sa tête et son encolure comme balancier pour s’équilibrer.
Il peut déplacer son poids d’une épaule à l’autre, alléger l’avant-main ou engager davantage l’arrière-main, simplement en ajustant l’angle de son encolure.
Imaginez un coureur à pied à qui l’on attacherait les bras au torse. C’est exactement ce que vivent les chevaux à qui l’on impose une restriction de mouvement par enrênement.
Le système musculosquelettique du cheval est un tout interconnecté. Chaque muscle, chaque articulation, chaque fascia travaille en synergie. Si une zone est restreinte, d’autres doivent compenser — jusqu’à la surcharge ou la douleur.
C’est particulièrement vrai pour la nuque : toutes les lignes myofasciales qui relient les membres passent par cette zone. Bloquer le mouvement cervical a donc des répercussions sur toute la biomécanique du cheval.