Le Caveçon : incontournable pour l’éducation gymnastique du cheval

Le caveçon est parfois associé à des idées reçues négatives, alors que c’est un outil indispensable pour travailler dans le respect de la biomécanique du cheval.

 

Respect de la biomécanique

La vraie différence entre le travail avec un licol et le travail avec un caveçon vient tout simplement de son point d’attache sur le chanfrein et pas sous du menton. Ça peut paraître un détail, mais cela change vraiment tout au niveau de la biomécanique.

L’incurvation correcte est bien plus qu’une latéroflexion. C’est une modification de l’équilibre du cheval dans sa globalité qui amène les structures anatomiques à travailler différemment que dans l’équilibre que le cheval va adopter en liberté. C’est un élément crucial du travail gymnastique de base.

L’incurvation permet donc au cheval de maintenir son équilibre sur les lignes courbes qu’il doit parcourir dans le manège, sans surcharger l’antérieur intérieur. L’incurvation prépare tous les autres exercices car il amène le cheval à étirer sa ligne dorsale extérieure, à engager son postérieur intérieur, à faire des mouvements plus amples avec l’épaule extérieure et bien plus encore.

L’attache de la longe sur le chanfrein permet de donner des indications subtiles dans la direction du mouvement, accentuant la latéroflexion et préservant l’incurvation. A l’inverse, l’attache de la longe sous le menton, comme avec un licol, ramène la mandibule vers l’intérieur dès qu’il y a un peu de tension sur la longe. Cela fait basculer la tête, entraîne des contraintes dans l’articulation temporo-mandibulaire et dans la nuque.

La nuque est une région clé d’un point de vue biomécanique car elle est traversée par presque toutes les chaînes myofasciales du cheval. Si la nuque est bloquée cela perturbe l’ensemble de la locomotion.

En ce sens, le caveçon est l’outil qui offre le plus de confort au cheval pour le travail en longe et il est idéal pour travailler des chevaux ayant des difficultés posturales ou des déséquilibres, notamment en rééducation.

L’outil pour éduquer sans contrainte

Il faut évidemment prendre le temps pour familiariser le cheval avec le caveçon, comme avec tout autre outil. Avec des aides douces et précises, on apprend d’abord au cheval à l’arrêt à suivre la main en souplesse : vers le bas, vers le côté, vers l’avant, vers le haut, favorisant ainsi des positions tête-encolure variées.

Avant d’utiliser le caveçon en mouvement, le cheval doit déjà comprendre les indications subtiles et précises qui lui parviennent à travers le caveçon. Si le cheval présente des résistances, il se peut qu’il ressente des tensions ou des restrictions de mobilité dans sa nuque ou dans son encolure. Il ne faut alors surtout pas forcer !

Les aides transmises par le caveçon sont souvent plus claires et plus faciles à comprendre pour un jeune cheval que celles venant directement du mors.

C’est pour cela qu’il est préférable de commencer l’éducation du cheval avec le caveçon et de rajouter le mors plus tard si besoin. On peut ainsi préserver la bouche du cheval jusqu’au moment où l’on décide de passer au mors.

Pendant la période de transition, on peut combiner le mors et le caveçon et donner les aides par l’un ou l’autre en fonction du besoin en montant avec 2 paires de reines.

Si le caveçon est connu principalement pour le travail à pied et en longe, il peut donc être utilisé également pour le travail en selle tel un side-pull.

Respect de l’anatomie

L’un des principaux avantages du caveçon correctement ajusté c’est qu’il respecte la sensibilité de la tête du cheval.  Saviez-vous que les nœuds du licol « éthologique » reposent précisément sur la région où le nerf maxillaire quitte le crâne (voir dessin, numéro 2) ? Et que les cordes très fines ne répartissent pas les pressions? A l’inverse : plus elles sont fines, plus l’action du licol est sévère !

Comment choisir le bon type de caveçon ?

Certains caveçons comportent des pièces métalliques lourdes (type Vienne) ou des muserolles métallique rigide (type espagnol). Ces types de caveçons sont trop durs et inconfortables pour le cheval puis difficilement ajustables.

Je ne préconise que l’utilisation de caveçons souples et légers qui s’adaptent bien à la tête du cheval, ils sont à la fois stables et confortables.

Ajuster le caveçon correctement

Un bon repère est de positionner la muserolle à environ 2 à 3 doigts en dessous de l’apophyse zygomatique (numéro 3 sur le dessin). Cela garantit que la pression est appliquée sur une zone solide. S’il est placé trop bas, il repose sur la zone fragile de l’os nasal (numéro 1 sur le dessin). Trop haut il risque de glisser ou d’appuyer les muqueuses buccales contre les molaires (numéro 4 sur le dessin).

La muserolle doit être ajustée de manière à rester bien en place sans serrer excessivement. Vous devez pouvoir glisser un ou deux doigts entre la muserolle et le nez de votre cheval. Un ajustement trop serré pourrait provoquer des douleurs ou de l’inconfort, tandis qu’un ajustement trop lâche rendrait le caveçon instable et donc imprécis pour les aides. Pas assez serré n’est pas forcément plus confortable car le caveçon risque de glisser vers le côté et de rapprocher la lanière extérieure de l’oeil du cheval.

Certains caveçons comprennent un sous-gorge même si ce n’est pas forcément utile. Si votre caveçon comporte une sous-gorge vérifiez qu’elle ne soit pas trop serrée, et qu’elle ne gêne pas la flexion de l’encolure et la respiration.
Une lanière positionnée à la hauteur des joues du cheval est plus utile pour éviter que le caveçon ne tourne et que les lanières latérales ne se rapprochent des yeux.

Concernant les lanières latérales il faut vérifier qu’elles ne se positionnent pas directement au-dessus des molaires. S’il y a des petites spicules sur les molaires le frottement créé par le caveçon peut être douloureux!

 

 

 

Prêts pour tester?

Une fois le caveçon installé, observez comment le caveçon réagit lorsque vous demandez un pli à votre cheval. Il doit rester stable sur le nez sans glisser. Testez-le également en longe. Vous devez pouvoir maintenir un contact léger sans que le caveçon ne glisse ou ne tourne.

Et encore une fois : le caveçon est un outil de précision (comme le licol et le filet devraient l’être également). Il est conçu pour la communication par des aides subtiles et pas pour maîtriser un cheval à toute allure sur un grand cercle en longe !

De mon expérience dans le cadre de l’éducation gymnastique du cheval, l’essayer c’est l’adopter !

Découvez les derniers articles...

Le Caveçon : incontournable pour l’éducation gymnastique du cheval

Le caveçon est parfois associé à des idées reçues négatives, alors que c’est un outil indispensable pour travailler dans le respect de la biomécanique du cheval.

Le Chemin vers un Mouvement Harmonieux avec Votre Cheval

La légèreté ne s’obtient pas par la mise en place d’aides ou de codes car il y a une autre dimension qui va au-delà de la technicité : l'épanouissement du cheval et du cavalier dans le mouvement partagé, la communication subtile et l’écoute mutuelle.
Equitact, Équitation Consciente et Respectueuse

Le tölt – une drôle d’allure

De l'appui permanent d’au moins un pied au sol résulte un confort extrême pour le cavalier, même lorsque le dos du cheval est raide et contracté. Ce confort dissimule donc souvent le besoin de travailler le cheval dans le bon sens et de le muscler correctement.
Equitact, Équitation Consciente et Respectueuse

La mémoire de la douleur et la rééducation équestre

Pourquoi le cheval ne retrouve-t-il pas automatiquement une locomotion harmonieuse après manipulation ostéopathique?

Portes Ouvertes

Le Samedi 18 mai 2024 de 14h à 18h

Travail au sol, travail en selle, visite des lieux, jeu concours, goûter et boissons…